jeudi 2 avril 2015

La Clemenzia Di Tito

J'ai obtenu une invitation pour le répétition générale de l'opéra "La Clemenzia Di Tito" de Mozart. Ni une, ni deux, je propose à mon ami David de m'accompagner, sa seule expérience opéra-esque étant un fiasco.



Nous nous installons au balcon. Avouons-le, nous somme TRÈS mal assis ! Mes genoux touchent le bord et c'est vraiment inconfortable. A côté de moi, une charmante vieille dame me fait remarquer que c'est ça, d'être grand. Oui, merci. 


Première tableau, Vitellia (Marie Adeline Henry) chante, en duo avec Sesto (Justin Kim). Deux sublimes voix. 
Mais ce qui m'a d'abord frappé, c'est la scène, mélangeant comme une coupe de plusieurs pièces, de la chambre à la salle de bain, en passant par un bureau et une sorte de balcon, sur plusieurs étages. Le tout agrémenté de néon luminescents et de tableaux lumineux qui s'allumeront au moment voulus. 

Les lumières se tamisent, ça commence. Une toile blanche est tendue devant la scène, comme au cinéma, et fait défiler un générique, ce qui me rappelle les vieux films qui débutaient toujours par le générique. On nous présente les personnages et leur liens (Titus, empereur; machine, belle-soeur et amante de machin; ou encore, truc, le cousin de machine qui complote secrètement contre quelqu'un d'autre). 
Effectivement, si on ne connaît pas d'avance l'histoire, on se perd vite. Je suis perdu.




La mise en scène parfois improbable à résonnée en moi. Quelle fût notre surprise, quand, pour symboliser la révolte populaire et l'incendie du Capitole, des dauphins gonflables (oui, oui!) tombent du ciel avec fracas dans la fumée des fumigènes.



Les chanteurs font preuve de beaucoup de talent. Les trois qui m'ont marqué, seront le ténor américain Brendan Tuohy (Titus), qui malgré un physique de joueur de rugby, parvient à faire passer toute l'émotion fans sa voix, par des nuances vocales et son jeu d'acteur. 


Ensuite vient Vitellia, incarnée par Marie Adeline Henry, qui avec sa voix profonde et nuancée, péchant peut-être un peu pour les aigus, m'aura fait frissonner. 

Mais bon bravissimo viendra à SestoKangmin Justin Kim. Un contre ténor surprenant, aux performances vocales hors du commun, qui rend son personnage tellement touchant et attachant.


Les relations entre Vitellia, Sesto et Titus sont ambiguës. En effet, Sesto est amoureux de Vitellia, qui le maltraite, est odieuse avec lui. En parallèle, Titus semble éprouver plus que de l'amitié pour le garçon, qu'il déshabille et entraîne à la musculation dans une scène. 
Tous les personnages principaux sont vêtus de costumes très colorés, avec des accessoires dignes du meilleur des années 90. Des créoles en plastique vert criard, les collants assortis, le costume bleu ceruléen, ou le short et les chaussettes jaunes. Ce qui ajoute un effet acidulé et pétillant à ce tableau déjà haut en couleur et que je trouve bienvenu. Lors du Salut, je me rend compte que sont présentes toutes les couleurs de l'arc-en-ciel. Faut-il y voir une volonté du metteur en scène, entre les scènes ambiguës (je pense aussi à Servilia et Annio, un couple joué par deux chanteuses, dont une grimée en garçon) d'affirmer un soutien ou sinon un intérêt à la cause LGBT ?
Après, il faut se rappeler qu'à l'opéra, il n'existe pas de règles de genres, et qu'un homme peut indifféremment jouer une femme et inversement. 


Après tout, peu importe, l'art n'est que l'interprétation qu'on en a.

Une pièce qui, en tout cas, nous aura fait rire et frissoner.


Le solo de Sisto


Vitellia, torturée 

Le salut (coloré!)


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