vendredi 27 mai 2016

En passant à l'Opéra de Pékin

L'Opéra de Pékin, ou plutôt le "Centre National des Arts du spectacle". C'était inespéré, mais lors de notre séjour dans la capitale chinoise, un ami nous a obtenu des places la veille de la représentation.

Le soir, nous prenons le métro pour nous rendre a l'opéra qui se situe juste à côté de la place de Tian'Anmen. Il a été inauguré en 2007 et conçu par l'architecte français Paul Andreu #chauvin

Le Centre National des Arts du spectacle
Le Centre National des Arts du spectacle de Pékin
Comme tout à Pekin, le bâtiment est gigantesque (150000m²). Notre Corum ferait pâle figure à côté! 
Suite aux attentats de Pékin de 2010, l'accès à tous les espaces publics, du métro à l'opéra, est sécurisé. Ainsi, nous passons par des portiques de sécurité dans le grand hall avant de nous avancer dans l'immense allés qui dessert salles de spectacle, de conférences, dominée au fond par la grandiose salle d'opéra de 2000 places.



Le spectacle commence, les lumières se tamisent. C'est une pièce contemporaine reprenant une histoire de la mythologie chinoise, et chanté en art lyrique. Ce n'était pas un spectacle d'opéra chinois traditionnel, mais bien un opéra classique comme on en trouve en occident.

J'ai appris à la fin du spectace que le compositeur est rémunéré en fonction du nombre de notes de la mélodie principale. Alors, c'est long. L'introduction traîne en longueur, mais la quantité de figuranst et de membres du choeur sur scène fait passer le temps. Je n'ai évidemment pas compris toutes les subtilités de l'histoire, qui, pour faire court, traite d'une amité entre deux hommes, et comment l'un survit après la mort accidentelle de l'autre.
Honnêtement, j'ai grimacé plusieurs fois en entendant les artistes chanter. Des voix poussées, manquant de finesse et de sentiments; le fond est bon, mais l'application est mauvaise. 
A contrario, la mise en scène, même si l'action traîne en longueur à cause du livret, est intéressante. La quantité de figurants y est pour beaucoup.

Dans l'ensemble, ce fut un bon spectacle, mais pas d'une qualité exceptionnelle.

Les saluts
Les saluts
Ce qui a le plus choqué mon regard occidental, c'est le public. Je n'ai pas peur d'affirmer que le public chinois est un public EXÉCRABLE. Les gens arrivent en retard, certains ne viennent que pour la fin; d'autres font des photos quitte a vous gêner la vue, et le pire : les applaudissement. A la fin, lors du salut, il y eu quelques applaudissements discrets du peu de gens qui n'étaient pas déjà partis à la dernière note. Un salut, et merci au revoir, le rideau tombe. Cela m'a beaucoup peiné pour les artistes.
après, il ne faut pas s'en formaliser pour autant: le public chinois est ainsi. Il n'y aura pas d'applaudissements à tout rompre, de bis, de cris. Peu importe la qualité du spectacle.

jeudi 24 mars 2016

Joyaux russes / Rachmaninov

Aujourd'hui cest jeudi. Et le jeudi, c'est aussi les jeudi express de l'opéra de Montpellier. C'est à dire, une version courte du concert "Joyaux Russes". Trois quarts d'heure à écouter le pianiste russe Alexander Gavrylyuk jouer le concerto pour piano n°2 de Rachmaninov.

Franchement, je ne me suis pas fait prier pour aller au concert. Un petit concert, après une journée d'enfer, est plus que bienvenu. J'avoue, je ne connais pas le répertoire de M. Rachmaninov, mais c'est une bonne occasion pour commencer, non?

L'orchestre est mené par la main de maître de Michael Schønwandt. On ne le dira jamais assez, cet homme a fait renaître l'orchestre de Montpellier. C'est grand, c'est large, c'est beau. Le pianiste Alexander Gavrylyuk met beaucoup d'émotions dans sa façon de jouer, on se laisse envoûter par les mélodies.

Pour moi, la meilleure position pour écouter des airs que je ne connais pas (ou que je connais aussi, d'ailleurs) est allongé sur mon canapé. Je ferme les yeux et me laisse emporter. Avouons-le tout de suite, si je m'allonge dans la l'Opéra Berlioz du Corum, ça fait tout de suite mauvais genre. Alors je penche ma tête et mes yeux se perdent dans les plafonds vertigineux de la salle. J'écoute et plane dans la musique. Quand tout à coup, je me rends compte qu'en même temps que les musiciens, je chante (dans ma tête, heureusement) les paroles de "All by Myself" de Céline Dion. Diable, pour quelle raison? 
J'ai tout de suite enregistré avec mon téléphone, et je vous laisse seul juge, écoutez donc.



Et oui! Le compositeur de "All by Myself" (Eric Carmen) a carrément pris le thème musical du Concerto pour Piano n°2. Je pourrais glisser cette anecdote dans toutes mes conversations mondaines.

En tout cas, super concert, supers musiciens, une bonne évasion dont j'avais bien besoin.



mardi 15 mars 2016

Offenbach, "Geneviève de Brabant"

Je ne suis pas en retard, c'est bien la première fois! Et c'était aussi le premier opéra de mon amie Gaëlle, que j'ai convaincu de m'accompagner. Enfin, opéra, non, appelons les choses par leur nom : cette pièce est une gentille opérette, ou opéra-bouffe. Qu'est-ce que ça veut dire? Ca veut dire que c'est beaucoup moins chanté qu'un opéra classique et beaucoup plus joué. Ca ressemble à une pièce de théâtre avec des passages chantés.
Le dernier Offenbach que j'avais vu était "La Périchole", au Domaine d'O, l'été dernier, et j'avais adoré, donc j'allais voir celui-ci assez confiant.

Après un copieux repas dans un restaurant non loin du Corum de Montpellier, nous nous avançons vers l'entrée. Comme d'habitude, fouille des sacs et manteaux, mesures de sécurité obliges. Et là, le vigile, en fouillant mon sac, me dit d'un air assez agressif "C'est quoi ÇA?!". Et moi de regarder à mon tour : "C'est un stick à selfie, dis-je, légèrement honteux
- Un quoi?
- Un stick à selfie. Vous savez, pour prendre des photos."

Voilà, voilà.

En parlant de photo, fallait bien qu'on s'en serve :


La pièce prend place dans un décor digne des Desperate Housewives : petites maisons parfaites, avec leurs petites clôtures parfaites, leurs petites haies parfaites, leurs petites pelouses parfaites.
Le Curaçao, ce lotissement parfait
Le Curaçao, ce lotissement parfait
L'histoire, en gros, est la suivante : le Duc Sifroid et sa femme Geneviève n'arrivent pas à avoir d'enfant suite aux problèmes de virilités de monsieur. Un jeune charcutier-traiteur propose alors un pâté au vertus miraculeuses qui saurait aider notre couple. On le voit tout de suite, rien n'est à prendre au sérieux. Tout est tourné au ridicule, et la mise en scène joue parfaitement avec ça.

Les dialogues, entre les airs, ont été réadaptés de manière plus moderne, voire locale.

Ainsi, Brigitte annonce que pour redonner le sourire à Geneviève, elle n'a pas hésité à faire venir un ventriloque de Bouzygues. Il faisait parler ses huîtres.
Ou alors, la Duchesse recommande de faire attention à la consommation de châtaigne, car, elle l'affirme, "les castagnes, ça donne la cagagne!"
Vous l'aurez compris, l'humour n'est absolument pas fin, c'est gras, potache, mais ça fait rire. Et ca colle parfaitement au sujet.

Les chanteurs jouent avec entrain, et ça se ressent; le duo de policiers, le Sergent Grabuge (Philippe Ermelier) et surtout le personnage de Pitou (Enguerrand de Hys), est extrêmement attachant, tout comme Narcisse, le scout poète (Thomas Morris).
Isoline, cette héroïne - Geneviève de Brabant
Isoline, cette héroïne

Pour le côté chant, parce-qu'on y va quand même pour ça, c'était sympa. Geneviève (Jodie Devos) aurait pu nous faire rêver d'avantage, malgré un jeu intéressant. Isoline (Diana Higbee) elle, en plus de jouer la super-héroïne, charme avec sa voix cristalline. Celle qui m'aura fait craquer est sans conteste, et de l'avis général, Drogan (Valentine Lemercier), dont le duo avec Geneviève nous a fait frissonner. Par contre, Charles Martel (Sébastien Parotte) seul l'image suivante peut expliquer ma pensée : 

Un jeu fade, il mange ses mots, un désastre.

En tout cas, on a beaucoup rit. La scène des administrés partant à la guerre est d'une drôlerie sans pareil, et Sifroid (Avi Klemberg) ne manque pas d'auto-dérision et d'humour tout au long de la pièce.
Sifroid part en croisade - Geneviève de Brabant
Sifroid part en croisade
Une des scènes qui m'aura le plus marqué est celle des baigneuses, que je résumerai en un mot : grâce. Et beauté, aussi.

Pour finir, je le conseille à tous, mais n'y allez pas avec un esprit trop critique ou affûté; détendez-vous, et appréciez le spectacle pour ce qu'il est : une opérette qui fait rire.

Des administrés du Curaçao - Geneviève de Brabant
Des administrés du Curaçao 
D'autres administrés - Geneviève de Brabant
D'autres administrés de Curaçao


Claude Schnitzler
direction musicale

Carlos Wagner
mise en scène

Rifail Ajdarpasic
décors

Jodie Devos
Geneviève

Valentine Lemercier
Drogan, Ermite du ravin

Sophie Angebault
Brigitte, Christine, Églantine

Diana Higbee
Isoline

Avi Klemberg
Sifroy

Sébastien Parotte
Charles Martel

Kevin Amiel
Vanderprout le bourgmestre

Thomas Morris
Narcisse

Jean-Marc Bihour
Golo

Enguerrand de Hys
Pitou

Philippe Ermelier
Grabuge

dimanche 24 janvier 2016

Comment je suis passé pour un dangereux psychopathe

Cela faisait longtemps que je n'avais rien publié. Faute de temps, faute d'envie, on trouve toujours une excuse. Pourtant j'ai vu énormément de choses, le concert du Nouvel An, un spectacle de chants traditionnels chinois accompagnés de démonstrations de calligraphies, un ballet contemporain (hip-hop) et d'autres encore. Pour ceux qui me suivent sur Twitter, vous avez pu lire mes instantanés, parfois acides, mais je l'espère toujours justes ou en tout cas selon mon avis sur le moment.


Ici, ici, ici ➡ 

Vous le savez peut-être, je suis pâtissier dans un salon de thé et récemment, il m'est arrivé un TRUC.

Alors que nous assurions le service du midi, je vois dans la rue passer une personne. Je donne un coup de coude à ma collègue en chuchotant d'un air surexcité : "C'est la directrice de l'opéra de Montpellier !". Fébrile, je me prends à espérer qu'elle vienne dans notre modeste échoppe, et vlan ! Elle entre.



Ma collègue s'occupe de prendre la commande, je sers mais n'ose me présenter. Nous nous suivons mutuellement sur Twitter, nous avons l'habitude de liker nos posts pertinents. Pas plus. Mais quand même, j'apprécie énormément son travail, même si je suis mauvaise langue parfois.
S'en allant après son repas, je ne peux m'empêcher de twitter :


Et là, déception...


Mais si, c'est moi! 
On sentirait presque la gêne émaner de sa réponse...
Mais qui est ce pauvre type qui me poursuit même au restaurant ?



Rassurez-vous, je ne poursuis personne, mais je suis très maladroit! J'essaierai de faire mieux la prochaine fois, comme me présenter. Ou rester dans mon coin. Oui, je vais rester dans mon coin.

samedi 17 octobre 2015

Massenet, "Chérubin"

Pour changer, je suis en retard. il est 19h45, je n'ai pas mangé et remonte rapidement la rue de Maguelone, évitant excéments canins et gens douteux.

Maintenant que je n'habite plus aux Beaux-Arts, je dois venir en voiture, car, oui, j'ai la flemme de marcher, même si je pourrais. Je n'habite pas à 15km non plus...
Je me dépêche, tends mon billet au monsieur à l'entrée, et prends place. En bas, a quelques places de l'orchestre, mes places préférées. Je laisse traîner mon regard pour observer autours de moi; j'aperçois beaucoup de jeunes, et cela me réchauffe le coeur!
Les lumières se tamisent, ça commence.
Le rideau se lève.
La scène me captive automatiquement. Une ambiance de country-club modernement désuette, des personnages semblent attendre quelque chose. Ils sont assis, discutent, un barman s'occuppe de son bar. Il a l'air empoté, on s'attache à lui immédiatement.
Le décor est planté: coloré, aéré, suggéré. Il laisse place à l'imaginaton du spectateur, tout en le guidant à travers la prise de vue du metteur en scène Juliette Deschamps.
L'histoire, rappelons-la brièvement : Chérubin, jeune dandy fraîchement majeur, décide de profiter de la vie et de séduire à tout va. Les femmes de ses amis, la candide Nina, la sulfureuse Ensoleillad, voire son mentor, Philosophe. Là se joue l'ambiguité du personnage : Massenet a volontairement écrit le rôle pour une soprano, alors que le personnage est masculin. Une autre prouesse du metteur en scène : utiliser cette ambiguité et la déporter sur tous les personnages, tant sur les costumes que sur le jeu d'acteur. 
Chérubin, incarné par Marie-Adeline Henry, que je retrouve avec plaisir depuis la saison dernière (vous pouvez faire un update ici), joue parfaitement. Sa voix est toujours aussi profonde et saisissante, mais qui, à mon humble avis sans importance, résiste un peu sur les aigus.

Chérubin, Marie-Adeline Henry
Chérubin, Marie-Adeline Henry
La pièce est ouverte par Philosophe (Igor Gnidii), qui est devenu mon personnage préféré. Sa voix puissante, rassurante, est parfaite pour son rôle de tuteur. Mais la première chose qui m'a frappé et fait sourire fut son costume. Juliette Deschamps n'a peur de rien, et elle a entièrement raison. Le chanteur prend du plaisir à chanter, à jouer et cela se voit. Du bonheur lyrique en tutu.

Philosophe, Igor Gnidii
Philosophe, Igor Gnidii
L'ensoleillad (Cigdem Soyarslan) est une danseuse espagnole que Chérubin décide de séduire. Sa voix est fine, nuancée et profonde, et son accent Turc résonne divinement. J'ai adoré sa robe :
L'ensoleillad, Cigdem Soyarslan
L'ensoleillad, Cigdem Soyarslan
Regardez de plus près : oui, oui, se sont des gants. L'histoire ne nous dira pas si Mapa a sponsorisé cette pièce.

Vous l'aurez compris, j'ai réellement été happé par cette production. Juliette Deschamps a su parfaitement mettre en scène l'oeuvre de Massenet, la transposant dans cette ambiance 50's américaine, riche et insouciante. Cette dernière n'a pas peur de jouer avec les codes, usant et abusant de subterfuges : costumes ambigus et opulents ; scène détaillée, tant par le décor, les danseurs, ou encore ces scène filmées en noir et blanc et projetées par moments.

Tous les personnages, de l'anodin barman à l 'envahissant Chérubin, en passant par les insupportables Tic & Tac que sont les Duc et Baron et l'innocente Nina, tous sont bourrés de charisme et de talent. 

Le grand absent de cette pièce sera pour moi le choeur de l'opéra. Surtout les hommes, les femmes faisant quelques actes de figuration (des filles de joie, oui monsieur). Dommage, on en connait certains très bon-ne-s.

Je suis fier d'avoir réussi à convaincre des amis d'aller à l'opéra! C'était leur premier, et ils ont adoré! C'est, de mon point de vue, une inestimable récompense. 

Vous le savez, j'aime laisser trainer mes oreilles, aussi bien à l'entracte que sur le parvis, à la fin. Je peux affirmer qu'il y a deux écoles, caricaturalement et tristement représentées ainsi :


Les Vieux
"Nimporte quoi."
"C'est kitsch." 
"C'est quoi ça?"
"Incohérent."
"Surchargé."





Les Jeunes
"J'ai A-DO-RÉ"
"Fantastique!"
"Les personnages sont à mourir de rire et attachants!"
"Le décor évolutif à toute sa place."



Ainsi donc, je ne peux que vous encourager à aller voir et forger ainsi votre propre opinion. A savoir, j'ai écrit à la journaliste du Midi Libre qui a massacré la mise en scène afin de savoir ce qu'elle lui reprochait exactement, elle ne m'a jamais répondu.




Photos par Valérie Chevalier, avec son aimable autorisation. Merci, les miennes étaient affreuses !



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jeudi 30 avril 2015

"Autours de Shakespeare", spectacle pour enfants

J'ai beau fréquenter souvent l'opéra de Montpellier, j'avoue que je ne suis pas assidûment le programme, et découvre souvent par hasard où au dernier moment (surtout!) les dernières programmations. C'est ainsi qu'en traînant sur les réseaux sociaux, j'ai vu que l'Opéra de Montpellier proposait un spectacle s'adressant aux enfants autours de l'univers de Shakespeare. Cool, même si je ne suis pas sûr qu'Othello, ça parle au moins de 8 ans, il est difficile de résister avec un tarif de 5€ pour un adulte. Je n'ai rien a perdre, et puis j'aime bien Shakespeare! Ni une, ni deux, j'appelle la billeterie pendant une pause au travail pour réserver ma place pour le lendemain. "Combien vous faut-il de places? -Une seule, je viens tout seul, oui, seul..." #Déprime #MerciMadame


Il est 16h45, je pars de chez moi, vêtu de mon plus beau pantalon framboise (et les chausettes bleues, c'est important), et me dirige vers le sanctuaire lyrique de la place de la Comédie. Évidement, il y a beaucoup d'enfants sur le parvis, mais c'est plus ou moins normal pour un spectacle pour enfant, non?
Je rejoins ma place, une place d'orchestre, mes préférées, et tweete gentiment :

Les lumières se tamisent, les enfants se calment; ça commence.

Dans l'idée, c'est l'histoire d'un enfant, Guillaume, qui est fan des oeuvres de S. (comme dans Gossip Girls, on abrège), et qui, après avoir récité les formules magiques des sorcières de McBeth, se retrouve catapulté dans l'univers de l'auteur. Or, les méchantes sorcières ont tout mélangé et les histoire n'ont ni queue ni tête. Guillaume doit alors tout remettre dans l'ordre avant de rentrer chez lui. 
Dans l'idée, c'est très mignon et ça peut éveiller la curuosité des enfant pour l'univers de S. En tout cas, moi ça m'a donné envie d'en relire certains!

Le seul accompagnement est un piano, et le choeur de l'Opéra accompagne l'acteur. Parlons-en, du choeur. C'est la première fois que j'approche la bête d'aussi près, presque au naturel, sans toute la symphonie de l'orchestre, sans les solistes qui nous aveuglent de leurs voix, sans les mises en scènes spectaculaires qu'on a pu voir. Le voici, le choeur, devant nous, presque nu, simple. Et ce que je vois n'est pas beau à voir. 
Je n'avais jamais fait attention, mais la moyenne d'âge doit être d'environ 60 ans. C'est effrayant. Mais bon, si le niveau est là, ce n'est pas tellement grave, si?
Mais ce que j'entends ne me réjouis pas plus. Sans l'importance de l'orchestre qui d'habitude nous emporte, ce choeur est bien fade. J'entends des notes aigües qui ne s'accordent avec rien, on dirait qu'il n'y a aucune unité entre les membres, certains restent raides comme des piquets, d'autres ne bougent pas les lèvres tandis que d'autres restent timidement dans leur coin, le tout sans une harmonie folle . 
Je pense a cette formule du professeur McGonagall dans Harry Potter à propos de ses élèves à qui elle apprend la valse pour un bal : "Une bande de babouins braillards et empotés!"


Je me demande honnêtement ce que certaines personnes font encore sur scène, mais je me dis que j'exagère, je n'ai jamais eu de tel ressenti en voyant les pièces précedentes. Je suis juste frappé par la médiocrité, aujourd'hui, de ce choeur qui m'a pourtant fait rêvé autrefois. J'aurais malheureusement du mal à m'enlever cette impression de l'esprit désormais.

Heureusement, l'acteur incarnant le jeune héros nous aura fait beaucoup rire par ses interprétations volontairement grotesques et enfantines et sa dégaine d'ado.
Ce que j'aime aussi, c'est écouter les gens autours de moi. Ainsi, je vois que je ris en même temps que les enfants, et que ces derniers se sont manifestement attachés à l'elfe Puck du Songe d'une Nuit d'Été qui, armé de sa fleur, ranime les divers personnages maudits par les sorcières.

En conclusion, un spectacle plein de promesses, mais très décevant. Je reste sur ma faim, et m'interroge quelque peu sur l'intérêt de cette oeuvre auprès du jeune public.



jeudi 2 avril 2015

La Clemenzia Di Tito

J'ai obtenu une invitation pour le répétition générale de l'opéra "La Clemenzia Di Tito" de Mozart. Ni une, ni deux, je propose à mon ami David de m'accompagner, sa seule expérience opéra-esque étant un fiasco.



Nous nous installons au balcon. Avouons-le, nous somme TRÈS mal assis ! Mes genoux touchent le bord et c'est vraiment inconfortable. A côté de moi, une charmante vieille dame me fait remarquer que c'est ça, d'être grand. Oui, merci. 


Première tableau, Vitellia (Marie Adeline Henry) chante, en duo avec Sesto (Justin Kim). Deux sublimes voix. 
Mais ce qui m'a d'abord frappé, c'est la scène, mélangeant comme une coupe de plusieurs pièces, de la chambre à la salle de bain, en passant par un bureau et une sorte de balcon, sur plusieurs étages. Le tout agrémenté de néon luminescents et de tableaux lumineux qui s'allumeront au moment voulus. 

Les lumières se tamisent, ça commence. Une toile blanche est tendue devant la scène, comme au cinéma, et fait défiler un générique, ce qui me rappelle les vieux films qui débutaient toujours par le générique. On nous présente les personnages et leur liens (Titus, empereur; machine, belle-soeur et amante de machin; ou encore, truc, le cousin de machine qui complote secrètement contre quelqu'un d'autre). 
Effectivement, si on ne connaît pas d'avance l'histoire, on se perd vite. Je suis perdu.




La mise en scène parfois improbable à résonnée en moi. Quelle fût notre surprise, quand, pour symboliser la révolte populaire et l'incendie du Capitole, des dauphins gonflables (oui, oui!) tombent du ciel avec fracas dans la fumée des fumigènes.



Les chanteurs font preuve de beaucoup de talent. Les trois qui m'ont marqué, seront le ténor américain Brendan Tuohy (Titus), qui malgré un physique de joueur de rugby, parvient à faire passer toute l'émotion fans sa voix, par des nuances vocales et son jeu d'acteur. 


Ensuite vient Vitellia, incarnée par Marie Adeline Henry, qui avec sa voix profonde et nuancée, péchant peut-être un peu pour les aigus, m'aura fait frissonner. 

Mais bon bravissimo viendra à SestoKangmin Justin Kim. Un contre ténor surprenant, aux performances vocales hors du commun, qui rend son personnage tellement touchant et attachant.


Les relations entre Vitellia, Sesto et Titus sont ambiguës. En effet, Sesto est amoureux de Vitellia, qui le maltraite, est odieuse avec lui. En parallèle, Titus semble éprouver plus que de l'amitié pour le garçon, qu'il déshabille et entraîne à la musculation dans une scène. 
Tous les personnages principaux sont vêtus de costumes très colorés, avec des accessoires dignes du meilleur des années 90. Des créoles en plastique vert criard, les collants assortis, le costume bleu ceruléen, ou le short et les chaussettes jaunes. Ce qui ajoute un effet acidulé et pétillant à ce tableau déjà haut en couleur et que je trouve bienvenu. Lors du Salut, je me rend compte que sont présentes toutes les couleurs de l'arc-en-ciel. Faut-il y voir une volonté du metteur en scène, entre les scènes ambiguës (je pense aussi à Servilia et Annio, un couple joué par deux chanteuses, dont une grimée en garçon) d'affirmer un soutien ou sinon un intérêt à la cause LGBT ?
Après, il faut se rappeler qu'à l'opéra, il n'existe pas de règles de genres, et qu'un homme peut indifféremment jouer une femme et inversement. 


Après tout, peu importe, l'art n'est que l'interprétation qu'on en a.

Une pièce qui, en tout cas, nous aura fait rire et frissoner.


Le solo de Sisto


Vitellia, torturée 

Le salut (coloré!)